Le verso des cartes postales

Avant de jouer les naturalistes en herbe, je voulais vous parler un peu du pays et de son contexte social. Parce que oui, pour un vazaha c’est le paradis, mais pour les indigènes, on est loin des vacances au club med à faire bronzette sous les cocotiers (ce qui, entre nous dit, n’est pas très recommandable).

Le pays a été une colonie française et a retrouvé son indépendance en 1960. Les dégâts de la colonisation continuent quand on laisse un pays après lui avoir imposé un système non adapté et une décolonisation ne se fait souvent pas au profit des peuples d’origine.

(Pour plus d’infos sur le sujet, lire « la Condition tropicale » de Francis Hallé ; c’est une bible quand on s’intéresse à ce sujet)

Depuis les années 60 la déforestation du pays fait des ravages. Sans sa couverture végétale, le sol subit une érosion et devient infertile. C’est la désertification. Des forêts primaires sont « officiellement » protégées, mais avec la corruption et la pauvreté ambiante (75% de la population vit sous le seuil de pauvreté), protéger une aire naturelle ici, c’est plus facile à dire qu’à faire.   

En 2009, le gouvernement en place est renversé… Le jeune R. préside le « gouvernement de transition » jusqu’aux élections officielles qui devaient avoir lieu en 2011. On parle d’élections peut être en mai 2013 mais ici rien n’est certain. Du coup c’est vraiment le bordel !

Suite aux évènements de 2009, l’insécurité a fait chuter le commerce. Ici sur la côte de la vanille, nombreux sont ceux qui ont préféré se tourner vers l’exportation illégale de bois de rose. C’est une vraie mafia ici. Le « gouvernement » ferme les yeux sur le pillage des forêts primaires protégées. Les protecteurs de l’environnement préfèrent se taire plutôt que de recevoir un coup de machette.

La police ne sert à rien. Elle attend sur le bord des routes et arrête des voitures au hasard pour soutirer de l’argent.  

En parlant de route, y’a une vague notion française dont je crois me souvenir… attendez… la sécuri… Ah oui, la sécurité routière ! C’en est tellement hallucinant que ça peut en être comique ; jusqu’à ce que tu entendes qu’un enfant s’est fait écraser le matin même. Ça ne soulève plus l’indignation générale car c’est d’une régularité alarmante.

Les accidents ce n’est pas tout. Les tropiques chaudes et humides sont le paradis des microbes et parasites. Dans des pays en générale où la population est trop pauvre pour pouvoir se soigner. J. m’expliquait qu’il n’y a que les riches qui vont à l’hôpital, et qu’à l’hôpital on les rend malade pour qu’ils continuent de payer. Ça fait très légende urbaine comme ça, mais ça ne m’étonnerait pas du tout.  

J. et E. travaillent pour se payer l’école. Le salaire de base ici est autour de 25 euros par mois. Avec ça, ils peuvent manger, payer les droits et les fournitures scolaires. Le problème c’est qu’ils n’ont pas eu école depuis janvier dernier. C’est la grève parce que ça faisait des mois, du coup maintenant ça fait plus d’un an, que les professeurs n’ont pas été payés. C’est bien, ça laisse du temps à J. et à E. pour travailler pour se payer leurs études…

La cerise sur le gâteau, (et après j’arrête parce que, bon, ça va 2 minutes) c’est les cyclones. En janvier et février, c’est la période des cyclones qui frappent la côte Est. Les derniers vraiment destructeurs étaient en 2007. 200 morts et 200 000 sinistrés à Antalaha.